« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

Une tentative d'effacement/Le Projet 20

Module 20
Développement exagéré de l’obsession futile du marque-page (Se perdre, oui, mais dans les détails)

Il y aurait beaucoup à dire du marque-page…
Par exemple:
- une fois le livre ouvert, on ne sait qu’en faire : posé à côté ou plus loin, on l’oublie… on perd un temps fou, au moment voulu, à le chercher, on tâte, on tâtonne, troublé…
- il est parfois doué de mimétisme: tel celui qui, posé sur la table de nuit et tombé de biais sur le téléphone portable, réfléchit l’engin et semble son simple prolongement… leurre provoquant de vaines explorations avant qu’un geste du lecteur agacé ne révèle par hasard l’illusion et du même coup réduise à sa surface réelle le mince rectangle de carton trop glacé qui réintègre enfin l’entre-deux pages…
- on oublie celui que l’on a caché derrière le livre posé sur les genoux ; il suffit de bouger un peu pour avoir la désagréable surprise de le redécouvrir: on se dépêche alors de le masquer et de n’y plus penser… jusqu’à la prochaine turbulence…
- caché à la fin du volume, et pour peu que son papier soit vernis il glisse sans cesse… ou bien, même s’il est stable, il arrive qu’il dépasse et ses couleurs criardes distraient, gênent, provoquent de fatigants allers-retours involontaires du regard …

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