Module 89
Dernière séquence ?
Avons-nous bien interprété le titre de ce roman de Pirandello : « Un, personne et cent mille » ?
Sa composition est pourtant simple : un rythme à trois temps, dont les deux derniers éléments sont coordonnés par un « et » qui introduit déjà un glissement et diffère de la simple juxtaposition des éléments 1 et 2, marquée par la virgule.
Mais une analyse trop plate de cette succession ne restreint-elle pas le problème ? Ne fige-t-elle trop les choses ?
Peut-être ne devrait-on pas considérer uniquement la composition du titre mais aussi sa conception, pour reprendre deux termes classiques.
La composition concernerait le caractère linéaire de ses éléments ; la conception, elle, se situerait sur le plan de la simultanéité, prenant en écharpe et faisant bouger autrement que par les glissements successifs les trois composantes énumérées, les faisant clignoter ensemble.
Il s’agirait alors d’une séquence enchaînée, une phrase-séquence choisie par un opérateur d’identités multiples, un Pirandello opérateur-monteur comme le Serafino Gubbio de son roman « La Dernière séquence », publié en 1925[1], ce qui donnerait au titre un mouvement perpétuel d’incessants passages de l’un à l’autre de ces états, que l’on ne pourrait plus analyser de façon séparée.
Il ne s’agirait plus de viser l’élucidation de trois formes successives d’identité, opération déjà troublante, mais de dégager une instabilité fondamentale par surimpression constante, une expérimentation inédite et répétitive, qui se réinitialise sans cesse sans que l’initiale n’en soit fixe contrairement à ce que la composition le pouvait le laisser penser…
De toute façon, il est trop tard !
[1] Le titre original est « I Quaderni di Serafino Gubbio Operatore ».
Avons-nous bien interprété le titre de ce roman de Pirandello : « Un, personne et cent mille » ?
Sa composition est pourtant simple : un rythme à trois temps, dont les deux derniers éléments sont coordonnés par un « et » qui introduit déjà un glissement et diffère de la simple juxtaposition des éléments 1 et 2, marquée par la virgule.
Mais une analyse trop plate de cette succession ne restreint-elle pas le problème ? Ne fige-t-elle trop les choses ?
Peut-être ne devrait-on pas considérer uniquement la composition du titre mais aussi sa conception, pour reprendre deux termes classiques.
La composition concernerait le caractère linéaire de ses éléments ; la conception, elle, se situerait sur le plan de la simultanéité, prenant en écharpe et faisant bouger autrement que par les glissements successifs les trois composantes énumérées, les faisant clignoter ensemble.
Il s’agirait alors d’une séquence enchaînée, une phrase-séquence choisie par un opérateur d’identités multiples, un Pirandello opérateur-monteur comme le Serafino Gubbio de son roman « La Dernière séquence », publié en 1925[1], ce qui donnerait au titre un mouvement perpétuel d’incessants passages de l’un à l’autre de ces états, que l’on ne pourrait plus analyser de façon séparée.
Il ne s’agirait plus de viser l’élucidation de trois formes successives d’identité, opération déjà troublante, mais de dégager une instabilité fondamentale par surimpression constante, une expérimentation inédite et répétitive, qui se réinitialise sans cesse sans que l’initiale n’en soit fixe contrairement à ce que la composition le pouvait le laisser penser…
De toute façon, il est trop tard !
[1] Le titre original est « I Quaderni di Serafino Gubbio Operatore ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire