Module 25
Le syndrome du confetti
On pourrait appeler cette pratique compulsive
le syndrome du confetti, mu par un vertige de néant sans cesse repoussé, et
peut-être inatteignable, augmentant d’une façon inversement proportionnelle à la
diminution de la surface de papier disponible, jusqu’au moment où les doigts
n’ont plus assez de prise pour déchirer le morceau restant, qui de toutes façons
ne disparaîtrait jamais, surtout si l’on en croit la stupéfiante beauté de cette
strophe de « Le Cimetière marin » de Paul Valéry (de nouveau) qui commence ainsi
:
« Zénon, cruel Zénon, Zénon d’Elée… »
et qui développe à sa façon le fameux
paradoxe de l’inaccomplissement, de l’inatteignable (qui peut prendre l’aspect
de l’infinie division dans l’infiniment petit) que certains résument ainsi : il
est impossible de passer dans un temps fini par un nombre infini de points…
De
plus, ces infimes partitions supposeraient, pour être efficaces, les
miniaturisations progressives et infinies elles aussi de l’agent de ces
modifications, du maniaque lecteur entraîné par sa passion, à son corps
défendant, dans des abîmes où, pour le coup, il risquerait de se retrouver, de
page en page, face à des mastodontes acariens dans un remake métaphysique de «
L’Homme qui rétrécit », ce film de série B de Jack Arnold qui eut son heure de
gloire à cause de ses trucages astucieux et du vertige final dans l’infiniment
petit qui sauve le scénario, la « conception » prenant, une fois de plus, le pas
sur le style .
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