« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

Une tentative d'effacement. Le Projet 25

Module 25


 Le syndrome du confetti

       On pourrait appeler cette pratique compulsive le syndrome du confetti, mu par un vertige de néant sans cesse repoussé, et peut-être inatteignable, augmentant d’une façon inversement proportionnelle à la diminution de la surface de papier disponible, jusqu’au moment où les doigts n’ont plus assez de prise pour déchirer le morceau restant, qui de toutes façons ne disparaîtrait jamais, surtout si l’on en croit la stupéfiante beauté de cette strophe de « Le Cimetière marin » de Paul Valéry (de nouveau) qui commence ainsi : 
« Zénon, cruel Zénon, Zénon d’Elée… »
et qui développe à sa façon le fameux paradoxe de l’inaccomplissement, de l’inatteignable (qui peut prendre l’aspect de l’infinie division dans l’infiniment petit) que certains résument ainsi : il est impossible de passer dans un temps fini par un nombre infini de points… 
      De plus, ces infimes partitions supposeraient, pour être efficaces, les miniaturisations progressives et infinies elles aussi de l’agent de ces modifications, du maniaque lecteur entraîné par sa passion, à son corps défendant, dans des abîmes où, pour le coup, il risquerait de se retrouver, de page en page, face à des mastodontes acariens dans un remake métaphysique de « L’Homme qui rétrécit », ce film de série B de Jack Arnold qui eut son heure de gloire à cause de ses trucages astucieux et du vertige final dans l’infiniment petit qui sauve le scénario, la « conception » prenant, une fois de plus, le pas sur le style .

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