« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

Brèves d'écran séquence 4 /VAN SANT/ BLAKE/ CLOONEY/ GABLE/GRANT/ FERRARA/ DAMOUR/CARRIERE/SPIELBERG/WEAVER/WELLES/JANET LEIGHT

Séquence 4 :

° A la fin de « Last days » de Gus Van Sant, le spectateur puis le jardinier découvrent le corps sans vie de Blake couché dans l’abri de jardin qui semblait son refuge. On assiste à deux dédoublements :
- celui du jardinier, obtenu simplement par son reflet dans les vitres de la porte alors que son corps segmenté en amorce à la droite du plan est flou, sorte de projection horizontale « réaliste » par effet de miroir et de transparence,
- celui de Blake, obtenu par une surimpression verticale « fantastique » de son corps nu en ascension et sortant par le haut du cadre ; l’ « âme » est représentée par un corps nu et translucide quittant l’opacité du corps vêtu couché sur le sol. Immortalité de l’âme de « Blake », en référence à William Blake (« Doors of perception ») ?
Deux « régimes », le réaliste et le fantastique, se croisent et coexistent dans le respect des genres : un phénomène surnaturel et inexplicable est vu par l’un des personnages du film qui l’accrédite pour le spectateur dont il est le délégué dans le film.
Synthèse de la présentation des corps au cinéma : entre évanescence et incarnation

° Georges Clooney prend la suite des « séducteurs paradoxaux » : un menton trop fort, une bouche inégale (un léger prognathisme, une lèvre supérieure inexistante), un nez trop petit, des yeux globuleux, un front court, de grandes oreilles… mais l’ensemble est d’une rare beauté ! Compétence contradictoire entre les éléments et le tout : c’était déjà le cas pour le visage de Clark Gable et celui de Cary Grant.


° « Mary » d’Abel Ferrara : tentation de l’ « univers flou » c’est-à-dire des histoires qui coexistent en se coïgnorant ...




[cf la séquence 1 de ces brèves… points 8,9,10,11 et en complément ces remarques du physicien Thibault Damour dans ses « Entretiens sur la multitude du monde » avec Jean-Claude Carrière –Odile Jacob, Paris 2002- : la « superposition d’une infinité de configurations possibles » p.198, « La « superposition » ou, pour reprendre notre image cinématographique, la « surimpression » d’une multitude d’histoires possibles qui coexistent en se coïgnorant, est l’élément central de la théorie quantique… nous sommes la superposition d’un nombre illimité d’amplitudes d’existence. » pp.225-226 ]




... multiplicité des lieux, des époques, des états d’âme et de conscience, dispersions, collages, niveaux, degrés… mais cette tentation, cette tentative est limitée par les « englobants » (linéarisation et transitions… ) qui unifient et synthétisent, pacifient. Quels sont ces englobants ? Le film dans le film (comme dans « Snake eyes » et « The black out » ) et surtout, ici, la Foi (des personnages, du réalisateur) qui ouvre et ferme le sens de tout.

° Pourquoi Steven Spielberg a-t-il choisi l’acteur Dennis Weaver pour le rôle principal de « Duel » ? Il l’explique dans l’un des bonus du dvd « Vous n’avez jamais vu « Touch of Evil » ?


[ « La soif du Mal », d’Orson Welles]


Vous n’avez jamais vu le concierge du motel ? C’est le plus grand…Il a atteint un niveau d’anxiété et de panique dans « Touch of Evil » et de paranoïa que j’imaginais que David Mann, héros qu’il joue dans « Duel », attendrait dans le dernier acte… c’est la direction que je voulais qu’il prenne : ce personnage de « Touch of Evil » .


1 commentaire:

Anonyme a dit…

ce que je cherchais, merci



>Contact : chamayoube@orange.fr