Module 28
Pilotes de ligne et aiguilleurs du ciel…
Certains, bien intentionnés, diront :
Certains, bien intentionnés, diront :
« Pourquoi ne pas utiliser les bandeaux qui, la promotion se généralisant
- noms d’auteurs connus ou inconnus, drôles d’oiseaux, récompenses diverses, mots-chocs (sidérants), fortes formules formatées, logos de lolitos lobotomisés, tautogrammes partiels, paronomases, pans, citations brèves, laconismes, clés, pieds de nez ou pieds à l’étrier -
entourent, plus ou moins discrètement, les couvertures ou les jaquettes ?»
Pour deux raisons, au moins :
- d’abord parce que leurs pliures lisses et glacées les font souvent glisser, déraper en quelque sorte, éjectés par leur propre complexité aplatie, et la page est perdue,
- ensuite parce qu’ils présentent les mêmes inconvénients que les marque-pages: ils distraient l’œil et ils encombrent.
« C’est dommage car certains, rares, sont évocateurs… par exemple celui qui signale que l’ouvrage en question a obtenu le prix des pilotes de ligne… ce qui prête à rêver ou à sourire, ce qui ravit : l’existence d’un conducteur de lecture ou d’écriture rendant possible le parcours de gauche à droite sur la page, niveau après niveau, et prenant en charge cette difficulté majeure pour le lecteur et l’écrivain: parvenir à la fin de la ligne, de la série horizontale de mots avant de descendre se réajuster à l’étage au-dessous, par un mouvement de l’œil seul ou de l’œil et de la main…
… obstacles vaincus, traits orientés et garantis, sécurisés, par ce pilote qui en assure l’accomplissement répété, tâche d’autant plus généreuse qu’il n’en dicte pas la teneur. »
Oui, dommage et dommage aussi pour la poésie que la corporation complémentaire des aiguilleurs du ciel ne décerne pas de prix, privant ainsi le public d’un bandeau céleste voire constellé où se perdre et se retrouver.
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