Une tentative d'effacement/ Le Projet 82

Mode 8 : l’ombre de soi-même

Module 82
Reprise fragile

Reprenons…

1) Ce Projet d’effacement circonstancié peut nous faire chuter dans le vide - nous venons de le constater - soumis au plus léger caprice de l’écriture. Toute position de retrait, d’amoindrissement volontaire peut nous faire basculer.

2) Rien n’échappe à la globalité du Projet…

[… et pourtant tout doit lui échapper aussi puisque, par définition, il ne doit jamais arriver à consister… mais il doit s’effacer, lui aussi, au fur et à mesure de sa formulation …]


3) Le lecteur, à son tour, s’en trouve réduit, atténué car l’identification qui d’habitude le transporte et l’augmente dans l’espace et le temps ne s’accomplit pas …

[… et le voici abandonné dans l’obscurité du couloir vide et silencieux de l’avancée des lignes où s’éclaire, fugitivement, dans la pénombre, de rares formes et de minces figures…]

4) Le risque de tout effacement, c’est la disparition…

La tentation mal maîtrisée de disparaître est inhérente à tout projet d’effacement, elle en est la limite à ne pas atteindre, la ligne insidieuse à ne pas franchir.

C. l’avait bien vu, qui disait :
« A force de t’effacer, tu vas finir par disparaître… ».

5) Difficile à pratiquer, l’effacement est relatif…

Ses figures imposées (abstention, inertie, recul, retrait, etc) supposent une vigilance active ; sans cet effort, on rate l’objectif et tout reprend son volume et sa densité, sa complexité bruyante … ou bien tout disparaît.

6) Le gommage reste souvent, un rêve, un idéal d’abandon de soi, d’absence à soi-même, plus difficiles à atteindre que l’absence à autrui, tellement autrui, parfois, nous facilite la tâche.

7) Si l’on disparaît à soi-même, alors, qu’en dire ? Et qui pourrait le faire ?

suite