Intermède 8
On ne souhaite pas l’usure des objets auxquels on tient. Les objets fixes, posés, les objets d’art, par exemple, les objets de contemplation, s’usent peu et donnent déjà cette impression d’égalité constante de leur présence qui nous rassure.
Mais qu’en est-il des objets usuels ? Ainsi des vieux outils de l’écriture manuelle avec quoi nous ne faisons qu’un dans l’activité qu’ils autorisent : les stylos-fétiches, de valeur ou non: on s’attache à de simples pacotilles qui concentrent des souvenirs, des histoires qui tournent et se recomposent, à chaque saisie.
Il faut alors ruser : pour prolonger ce plaisir et cette mémoire déposée là (on feint de le croire), il faut très minutieusement (nouvelle disposition fétichiste) en retarder l’usure, surtout quand nulle recharge n’est possible, comme pour ce simple tuyau de plastique vivement coloré dont les parties soudées interdisent le renouvellement du stock d’encre.
Ce stylo était le sien.
Son usage enclenche d’indécises rêveries auxquelles il est bon de laisser leur caractère diffus, indéterminé : ce n’est pas elles qu’il sert à noter, au fil de la plume, dans cet état second que provoque l’écriture : ce serait trop dangereux, dans ce cas.
On voit bien le dilemme par rapport à l’instrument : écrire, et faire baisser irrémédiablement le niveau de l’encre, ne pas écrire, et se priver de la tristesse heureuse du souvenir que l’usage entretient et prolonge.
Tâchons de retarder, de différer et de différer encore mais de savourer aussi le passage à l’acte inévitable à l’aune de cette économie du temps que l’on pourrait nommer : économie de la production d’éternité. Selon quel système ? La maîtrise supposée de l’usage et de l’usure : raréfier l’usage pour arrêter l’usure.
Economie de la perte, malgré tout.
Mais qu’en est-il des objets usuels ? Ainsi des vieux outils de l’écriture manuelle avec quoi nous ne faisons qu’un dans l’activité qu’ils autorisent : les stylos-fétiches, de valeur ou non: on s’attache à de simples pacotilles qui concentrent des souvenirs, des histoires qui tournent et se recomposent, à chaque saisie.
Il faut alors ruser : pour prolonger ce plaisir et cette mémoire déposée là (on feint de le croire), il faut très minutieusement (nouvelle disposition fétichiste) en retarder l’usure, surtout quand nulle recharge n’est possible, comme pour ce simple tuyau de plastique vivement coloré dont les parties soudées interdisent le renouvellement du stock d’encre.
Ce stylo était le sien.
Son usage enclenche d’indécises rêveries auxquelles il est bon de laisser leur caractère diffus, indéterminé : ce n’est pas elles qu’il sert à noter, au fil de la plume, dans cet état second que provoque l’écriture : ce serait trop dangereux, dans ce cas.
On voit bien le dilemme par rapport à l’instrument : écrire, et faire baisser irrémédiablement le niveau de l’encre, ne pas écrire, et se priver de la tristesse heureuse du souvenir que l’usage entretient et prolonge.
Tâchons de retarder, de différer et de différer encore mais de savourer aussi le passage à l’acte inévitable à l’aune de cette économie du temps que l’on pourrait nommer : économie de la production d’éternité. Selon quel système ? La maîtrise supposée de l’usage et de l’usure : raréfier l’usage pour arrêter l’usure.
Economie de la perte, malgré tout.
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