Il s’agit d’une
expérience extraordinaire que beaucoup tentent sans succès ou à leurs risques
et périls… On dit en effet que voir sa vie dans son ensemble précède de peu la
mort, violente. Ce n’est pas vrai : ainsi naît une image, involontaire, spontanée,
favorisée seulement par les circonstances : la nuit, la position couchée,
la lente venue d’un moment inestimable d’indécision entre la veille et le
sommeil, le sommeil et la veille, rien de spectaculaire, en somme. Et soudain,
après une suspension, l’ouverture, parmi ce chaos de pensées et ces bribes
d’illustrations que le rêve éveillé entretient, d’un espace noir, de forme
rectangulaire aux bords hésitants, baignant dans une paradoxale lueur.
Etonnamment s’organise en un seul mouvement sur son pourtour, une collecte de
situations mêlant les lieux et les temps, les époques (de la plus sombre et
endeuillée à la plus légère – ravissements), les personnages, les comparses,
liés par l’amour ou l’indifférence, qui viennent là aux bords comme au spectacle
alors que ce sont eux que l’on observe dans leur multitude simultanée qui fait
le compte rapide de toute une vie, en cours.
*
Elle
est donc retrouvée l’alliance de l’ombre étale sur la place centrale et de ses
bords surchargés, que la foule d’une vie multiple occupe sans arrêt. C’est dans
le silence que s’accomplit la réunion autour de cet espace vide des
innombrables épisodes susceptibles d’être encore détaillés, fragmentés,
précisés aussi dans leur figuration. Mais sans dialogue, on l’aura compris,
puisque la place est vide et les regards indistincts.
*
La
vie revenue, revenante ne dit rien
d’autre que sa fragile figuration, ne désigne rien d’autre que cette agora vide. N’attendons rien de tout
cela.
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