Autre plan d’évasion[1]
Au grégoire noir,
poisson jardinier des algues…
Les murs de l’occasionnelle prison où il est confiné, avatar de
cycles vieux de millions d’années – le monde lui-même, disent d’antiques
encyclopédies, voire l’univers, cette poussière… - offre des dessins
variés et fort agréables, formés soit de lignes disposées les unes sur les
autres et de différentes nuances de vert, soit de cercles de diverses grandeurs.
Des restes colorés tendent à prouver qu’elle fut la mystérieuse tanière
d’animaux féroces, lions, chacals, hyènes, panthères, tigres, boas… mais la
spectroscopie révèle que ces formes aux ondulations bizarres ne sont que
l’assemblage confus et instable de cristaux si admirablement assemblés que l’on
ne peut en saisir les joints.
Sous la fixité morbide du regard de l’unique
occupant, de belles nuances vertes serpentent à travers des filons métalliques
de cuivre, de manganèse, avec quelques traces de platine et d’or. Un cillement
les dédouble en feldspath vert, malachite, béryl, émeraude, jaspe…
L’espoir renaît : le règne animal, le règne
minéral… Et ? Et, peut-être, l’air, tout simplement : la fuite …
Mais non : c’est la mer qui prend le relai et
« les algues bleues, les algues brunes, les algues rouges, les algues
vertes, vert brillant ou jaune clair, nuancées de tous les tons verts
imaginables rehaussées çà et là par l’ample feuillage de la laitue de mer… »,
dit l’un des
cartons de ce film muet… La chambre verte aux murs tapissés de malachite
redevient peu à peu un amas instable de couleurs et d’éclats que percent de
longs tuyaux incertains semblant irriguer un improbable extérieur que le
prisonnier devenu fluide veut emprunter pour rejoindre les zones de
ruissellement, les flaques, les étangs, les ports… Prendre le large !
Mais la voie lactée s’oxyde de nouveau en poussière de
malachites verdâtres peinte sur le revêtement vert de cuivre du gris de murs
définitifs, les murs de l’occasionnelle prison où il est confiné, le monde
lui-même …
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