A propos du film d’Orson Welles « La Splendeur des
Amberson » (1942).
1.
Pertes et
profits : une double famille.
Plan :
1ère partie :
éléments de construction de l’espace filmique.
2ème partie : la
dialectique du temps.
3ème partie : une
« économie visuelle » baroque.
*
I-
Quelques éléments significatifs de la construction de l’espace
filmique liés à ce que l’on pourrait appeler une ethnographie
familiale filmique: la « maison » aux deux sens du mot : le
bâtiment, ses habitants, maison et maisonnée.
Il y aura, plus tard, deux maisons ...
a) L’extérieur : La « splendeur visuelle »
des Amberson, la maison comme un signe extérieur de richesse, un luxe
ostentatoire.
Le premier plan du film est un plan fixe, avec une voix off –
celle d’Orson Welles– avec une profondeur de champ en contre-plongée : la caméra
est placée au-dessous de ce qui est
filmé, « point de vue du ver de terre ». Il y aura plusieurs plans
similaires de la maison dans le film : sous la neige ou l’orage, pendant
la nuit...
La contre-plongée est un élément important
du style de Welles. L’actrice Elsa
Martinelli, à propos du tournage du film Le Procès témoigne :
« Welles voulait filmer le toit, le plafond, en faire construire un
dans le studio. Il avait une lampe à la main[1]... »
et on voit souvent les plafonds dans La
Splendeur des Amberson : celui de la gare, en particulier, et le dernier plan du générique de fin est explicite : effet de signature d’une
contreplongée radicale où l’on voir le micro s’envoler vers le plafond, la
fenêtre de toit. La contre-plongée, point de vue insolite, décentrement du regard, renforce l’effet de
« présence » de ce qui est filmé.
La profondeur de champ – autre élément important du style
cinématographique de Welles – en tant que ligne de fuite, mise en perspective, construit une transversalité
fictive du regard du spectateur.
De plus, il y a une « double
scène » : au premier plan
- au sens spatial du mot - les véhicules
selon un axe longitudinal, en fond, la femme à la fenêtre ; le lien est
établi par ce personnage qui fait signe au conducteur, sort et monte dans le
tramway.
Un lien
virtuel est a posteriori possible : quand on aura vu l’intérieur de la
maison on pourra reconstituer mentalement le trajet d’Isabel de la fenêtre à la
porte de la maison.
A suivre...
[1] Suzanne Cloutier, qui a joué dans Othello évoque aussi les contre-plongées
et parle de l’ « œil de peintre » de Welles.
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