« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

La Splendeur des Amberson. 1.

 

A propos du film d’Orson Welles « La Splendeur des Amberson » (1942).

 

1.

 Pertes et profits : une double famille.

Plan :

1ère partie : éléments de construction de l’espace filmique.

2ème partie : la dialectique du temps.

3ème partie : une « économie visuelle » baroque.

                                              

*

 

I-                  Quelques éléments significatifs de la construction de l’espace filmique liés à ce que l’on pourrait appeler une ethnographie familiale filmique: la « maison » aux deux sens du mot : le bâtiment, ses habitants, maison et maisonnée.   Il y aura, plus tard, deux maisons ...

 

a)    L’extérieur : La « splendeur visuelle » des Amberson, la maison comme un signe extérieur de richesse, un luxe ostentatoire.


Le premier plan du film est un plan fixe, avec une voix off – celle d’Orson Welles– avec une profondeur de champ en contre-plongée : la caméra est  placée au-dessous de ce qui est filmé, « point de vue du ver de terre ». Il y aura plusieurs plans similaires de la maison dans le film : sous la neige ou l’orage, pendant la nuit...


La contre-plongée est un élément important du style de Welles.  L’actrice Elsa Martinelli, à propos du tournage du film Le Procès témoigne : « Welles voulait filmer le toit, le plafond, en faire construire un dans le studio. Il avait une lampe à la main[1]... »  et on voit souvent les plafonds dans La Splendeur des Amberson : celui de la gare, en particulier,  et le dernier plan du générique de fin  est explicite : effet de signature d’une contreplongée radicale où l’on voir le micro s’envoler vers le plafond, la fenêtre de toit. La contre-plongée, point de vue insolite,  décentrement du regard, renforce l’effet de « présence » de ce qui est filmé.


La profondeur de champ – autre élément important du style cinématographique de Welles – en tant que ligne de fuite, mise en  perspective, construit une transversalité fictive du regard du spectateur. 


De plus, il y a une « double scène » :   au premier plan - au sens spatial du mot -  les véhicules selon un axe longitudinal, en fond, la femme à la fenêtre ; le lien est établi par ce personnage qui fait signe au conducteur, sort et monte dans le tramway.


  Un lien virtuel est a posteriori possible : quand on aura vu l’intérieur de la maison on pourra reconstituer mentalement le trajet d’Isabel de la fenêtre à la porte de la maison.

A suivre...


Suite

La Famille Tenenbaum 1.

Arc en sol



[1] Suzanne Cloutier, qui a joué dans Othello évoque aussi les contre-plongées et parle de l’ « œil de peintre » de Welles.


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