On s'aperçoit assez vite que, pour rejoindre la Via dei Priori à partir de la Piazza Cavalotti, il est inutile de faire le tour par la Via Maestà delle volte, la Piazza IV Novembre, le début du Corso Vannucci: il suffit, à droite du perron, tout de suite en sortant de la maison où se trouve l'appartement loué pour quelques semaines, de s'engager dans la Via della Stella, de la descendre sur quelques dizaines de mètres pour déboucher, après avoir dépassé l'église et son portail baroque, au milieu de la Via dei Priori qui descend jusqu'à San Francesco al Prato. La Via dei Priori est en fait parallèle à la Via dell'Aquilone qui débouche sur la Piazza Morlacchi, à deux pas de la Piazza Cavalotti.
Le rêve fournit un enchaînement inédit entre les Pyrénées, la vallée du Tarn et, de nouveau, les Pyrénées: la première montée à pied traverse un paysage de montagne, le lit d'un torrent serpente au milieu de prairies accidentées où gisent des blocs épars
("perrons luisants de marbre…»),
puis l'étage des forêts débouche sur Ambialet le Haut suivi de la grange dont l'intérieur est encombré d'un escalier de bois en colimaçon tellement mal fait que son ascension est très difficile voire dangereuse et cet escalier monte jusqu'au toit. La première impression est celle d'une ligne ascendante et droite et c'est avec retard et peu à peu qu'apparaît un motif en spirale; la trace d'un élan vertigineux arrêté net. Un tronçon intercalé de la vallée du Tarn (Ambialet le Haut) constitue un raccourci entre deux sites pyrénéens éloignés de plusieurs kilomètres et inversés quant à leur altitude dans ce nouveau parcours immatériel sans issue.
C'est dans les faubourgs de la ville, au-delà des portes, et il faut quitter les arcades, s'engager dans une rue banale, longue et coudée, pour parvenir au cinéma. La salle est interminable: on aperçoit l'écran, au fond de ce vaste corridor vert, rythmé de blocs de fauteuils défraîchis séparés par de larges allées transversales. La marche est longue vers l'écran jaune et maculé, zébré de balafres sommairement recousues. La traversée de la salle suit la traversée de biais de la partie est de la ville sous le tunnel annelé des arcades, celle des boulevards extérieurs et la remontée de la rue déjà obscure vers
"l'Apollo"
éteint que l'on parcourt à grandes enjambées jusqu'à l'issue de secours située en contrebas derrière l'écran.
Sur le fond mobile des images et des sons, l'énoncé reste bloqué: nouvelle panne de l'inscription des sous-titres français sur l'écran. Ainsi la réplique:
"Mais vous, vous savez"
se prolonge pendant toute la séquence du métro: les deux hommes sont debout de part et d'autre de la porte vitrée et, le fracas du train couvrent en partie leur dialogue (du moins pour leurs compagnons de voyage) l'étrange contrat se négocie: il s'agit d'aller tuer un inconnu, à Paris, contre une forte somme d'argent assurant à la femme et à l'enfant de l'exécutant un avenir pour lui menacé par une maladie mortelle arrivant - c'est du moins ce que dit le commanditaire - à son terme. Trois motifs se superposent: l'illusion du défilé rapide des stations et des tunnels, scandé par l'alternance des arrêts et des redémarrages, puis, sur ces rythmes fugaces, l'immobilité paradoxale de l'image des deux hommes que, par inversion de la dynamique réelle, l'angle de vue de la caméra embarquée dans la même rame maintient sur le panorama changeant de la traversée du réseau, enfin la fixité anormale, dilatation dans le temps et contraction dans l'espace, du sous-titre arrêté aux avant-postes, modeste couche d'éternité menacée. Virtuels
Le rêve fournit un enchaînement inédit entre les Pyrénées, la vallée du Tarn et, de nouveau, les Pyrénées: la première montée à pied traverse un paysage de montagne, le lit d'un torrent serpente au milieu de prairies accidentées où gisent des blocs épars
("perrons luisants de marbre…»),
puis l'étage des forêts débouche sur Ambialet le Haut suivi de la grange dont l'intérieur est encombré d'un escalier de bois en colimaçon tellement mal fait que son ascension est très difficile voire dangereuse et cet escalier monte jusqu'au toit. La première impression est celle d'une ligne ascendante et droite et c'est avec retard et peu à peu qu'apparaît un motif en spirale; la trace d'un élan vertigineux arrêté net. Un tronçon intercalé de la vallée du Tarn (Ambialet le Haut) constitue un raccourci entre deux sites pyrénéens éloignés de plusieurs kilomètres et inversés quant à leur altitude dans ce nouveau parcours immatériel sans issue.
C'est dans les faubourgs de la ville, au-delà des portes, et il faut quitter les arcades, s'engager dans une rue banale, longue et coudée, pour parvenir au cinéma. La salle est interminable: on aperçoit l'écran, au fond de ce vaste corridor vert, rythmé de blocs de fauteuils défraîchis séparés par de larges allées transversales. La marche est longue vers l'écran jaune et maculé, zébré de balafres sommairement recousues. La traversée de la salle suit la traversée de biais de la partie est de la ville sous le tunnel annelé des arcades, celle des boulevards extérieurs et la remontée de la rue déjà obscure vers
"l'Apollo"
éteint que l'on parcourt à grandes enjambées jusqu'à l'issue de secours située en contrebas derrière l'écran.
Sur le fond mobile des images et des sons, l'énoncé reste bloqué: nouvelle panne de l'inscription des sous-titres français sur l'écran. Ainsi la réplique:
"Mais vous, vous savez"
se prolonge pendant toute la séquence du métro: les deux hommes sont debout de part et d'autre de la porte vitrée et, le fracas du train couvrent en partie leur dialogue (du moins pour leurs compagnons de voyage) l'étrange contrat se négocie: il s'agit d'aller tuer un inconnu, à Paris, contre une forte somme d'argent assurant à la femme et à l'enfant de l'exécutant un avenir pour lui menacé par une maladie mortelle arrivant - c'est du moins ce que dit le commanditaire - à son terme. Trois motifs se superposent: l'illusion du défilé rapide des stations et des tunnels, scandé par l'alternance des arrêts et des redémarrages, puis, sur ces rythmes fugaces, l'immobilité paradoxale de l'image des deux hommes que, par inversion de la dynamique réelle, l'angle de vue de la caméra embarquée dans la même rame maintient sur le panorama changeant de la traversée du réseau, enfin la fixité anormale, dilatation dans le temps et contraction dans l'espace, du sous-titre arrêté aux avant-postes, modeste couche d'éternité menacée. Virtuels
Dérivation
De
"passe"
à
"pas",
et, pour descendre vers les lacs et l'Espagne, sur l'autre versant, il faut franchir en son milieu un mur rocheux, droit au-dessus du vide, sans prise; le seul passage, indiqué par l'éboulis, c'est
« le Pas du Parisien ».
Le livre dit aussi que la Roche Noire des Pyrénées fermant la vallée est un sphinx à demi dressé dont le saut du Parisien ne sectionne que les pattes donnant ainsi à la masse dominante toute sa démesure et rendant infime la fissure tortueuse, quasiment invisible à l'œil non averti, où s'avancent les guides et les pêcheurs minuscules surveillés à leur insu par les deux tueuses en embuscade.
Au premier plan, à droite, des chars ensablés; au fond, un puits de pétrole en feu et dans la zone désertique centrale, selon la diagonale aménagée par le cadrage passent des dromadaires. Vient ensuite un plan rapproché sur des mines dont les superstructures de métal, couleur de sable, affleurent : un chien tirant de toutes ses forces sur un morceau de chair, prenant du recul et revenant à l'assaut, les griffes de ses pattes trouvant difficilement une prise dans le sable sec, dépèce le cadavre d'un dromadaire dont la masse pyramidale inerte est noire à contre-jour.
De
"passe"
à
"pas",
et, pour descendre vers les lacs et l'Espagne, sur l'autre versant, il faut franchir en son milieu un mur rocheux, droit au-dessus du vide, sans prise; le seul passage, indiqué par l'éboulis, c'est
« le Pas du Parisien ».
Le livre dit aussi que la Roche Noire des Pyrénées fermant la vallée est un sphinx à demi dressé dont le saut du Parisien ne sectionne que les pattes donnant ainsi à la masse dominante toute sa démesure et rendant infime la fissure tortueuse, quasiment invisible à l'œil non averti, où s'avancent les guides et les pêcheurs minuscules surveillés à leur insu par les deux tueuses en embuscade.
Au premier plan, à droite, des chars ensablés; au fond, un puits de pétrole en feu et dans la zone désertique centrale, selon la diagonale aménagée par le cadrage passent des dromadaires. Vient ensuite un plan rapproché sur des mines dont les superstructures de métal, couleur de sable, affleurent : un chien tirant de toutes ses forces sur un morceau de chair, prenant du recul et revenant à l'assaut, les griffes de ses pattes trouvant difficilement une prise dans le sable sec, dépèce le cadavre d'un dromadaire dont la masse pyramidale inerte est noire à contre-jour.
à suivre... la semaine prochaine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire