« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

Brèves d'écran séquence 9 M.MANN/RESNAIS/SUWA/HADJITHOMAS-JOREIGE/ROHMER/MURNAU/SHYAMALAN

+Ensenstein, Sjöström, Caspard David Friedrich
et:
Tom Cruise, Jaimie Foxx, Colin Farrell, , Emmanuelle Riva, Eiji Okada, Béatrice Dalle, Kou Machida, Catherine Deneuve, Rabih Mroué, Greta Shroeder.


Séquence 9 :

° Michael Mann : grande amplitude de l’échelle des plans (du plus proche au plus lointain), grande amplitude de la profondeur de champ (du premier plan flou aux fonds de ciels colorés qui détachent les figures), grande amplitude des décadrages, grande amplitude des déconnexions multiples dans le mode de raccord … Les films – et les personnages- sont tour à tour plus petits et plus grands que l’histoire racontée : en particulier « Collateral » et « Miami vice ».



° HIROSHIMA MON AMOUR (Alain Resnais)--> HISTOIRE D’H (Nobihuro Suwa)-->-->--> JE VEUX VOIR (Joana Hadjithomas, Khalil Joreige)


° De nouveau sur le vent :
« … l’appel fait à l’action des éléments naturels, les nuages, la flamme et surtout le vent qui sculpte et dessine les formes avec la même liberté et richesse d’invention que ciseau ou pinceau… »
« Le vent, en revanche, règne en maître durant presque tout le film. Son utilisation est courante au cinéma, aussi bien chez les burlesques américains que chez les Russes (le
Potemkine).Il a même donné son titre à un film de Sjöström (The Wind, 1928).
Murnau lui confie ici un rôle magique. Il est comme l’intermédiaire entre le monde terrestre et les puissances surnaturelles dont il traduit l’action en termes matériels. Son effet n’est donc pas seulement décoratif. Tantôt, il exprime simplement l’idée d’un monde en perpétuel mouvement, enjeu de puissances cachées… créé en studio… il donne alors au paysage artificiel un surcroît de majesté, magnifie la nature et rapetisse l’homme… Tantôt il est le souffle même de Méphisto. »
« Enfin, pendant l’errance de Marguerite sous la neige, le vent prend la signification d’une réprobation de la nature contre la coupable… C’est lui qui donne à la scène son tragique. C’est lui qui fait le paysage, au sens matériel du terme… c’est lui qui sculpte les formes humaines… »
(Eric Rohmer : « L’organisation de l’espace dans le « Faust » de Murnau », UGE, 10/18 n°1145, Paris 1977, respectivement pp. 31, 104-105.)

Ainsi, le vent, dans « les amours d’Astrée et de Céladon » viendrait de Murnau…
(Cf. Séquence 3, point 1)


° Il y a aussi une séquence « ventée » dans le « Nosferatu », autre film de Murnau… la séquence de la réception et la lecture de la lettre de Hutter, en provenance du château des Carpates… Les croix sur la plage rappellent un tableau de Gaspard David Friedrich.












° Dans « Phénomènes », de Night M. Shyamalan, le vent, invisible, motif cinématographique très ancien est l’élément moteur du film. Un élément de l’exploration cinématographique du monde est l’agent central de la fiction, la manifestation indirecte du déséquilibre écologique et l’instrument de la « réprobation de la nature » (Rohmer, cf. point 3 ci-dessus) contre les humains coupables.
Une perception par défaut (les nuages, les branches, les feuilles, les herbes, sous le vent : animation de l’inanimé - ou de ce qui est doué de mouvements imperceptibles) devient le ressort de l’action.
Métonymie cinématographique : on filme l’effet (la mise en mouvement) pour la cause (le vent).
(Cf. Séquence 3, point 1)


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