Module 43
Emportement
Emportement
Il faudrait un emblème pour la Noothèque…
Plus qu’un logo (LOOGO ou LOGOO ?), moins qu’un programme, une inscription inoubliable que l’on puisse citer indéfiniment comme si son portail virtuel était celui de l’Enfer, du Purgatoire ou du Paradis…
La référence à une collection abstraite de pensées, qui prenne la mesure de leur force, qui anticipe leurs orbes, leurs enjambements, leur rapidité sidérante, cette qualité de franchissement instantané de l’espace et du temps, cette efficacité à atteindre leur cible à l’instant même où elles sont décochées, annulation du mouvement par annulation de l’infinité des points à parcourir : simultanéité. Immédiateté aussi, franchissement-arrivée-départ-arrivée-franchisssement-arrivée-etc sont une seule et même chose, gigantisme sans mesure visible comme donnée permanente, orientation sans boussole -instinctive, traversée des mers et des océans célestes, parcours des terres émergées et fuite maritime vers le ciel continu, ascension solaire vers l’infini…
Marquer aussi le lien d’appartenance, qui nous soulève comme une œuvre, avec la partition multiple de ces naissances d’êtres déjà achevés dans leurs extravagantes dimensions …
Et comment dire cela dans un style dont l’anticipation rende fébrile et audacieux, dont la préparation (le projet) soit déjà modelée par une magnificence qui étonne encore aujourd’hui, anticipation qui en serait le commentaire préalable pour respecter la perturbation des temps ou plutôt l’inanité de toute chronologie puisque le texte que l’on croit inventer existe déjà et que le voici : «… nos créatures, ce sont nos pensées, créatures qui sont nées géantes, qui vont d’est en ouest, de la terre au ciel, qui non seulement enjambent la mer et la terre ferme mais franchissent le soleil et le firmament en un instant. Mes pensées atteignent tout, comprennent tout. »[1]
[1] John Donne, « Méditations en temps de crise », 1624, « Quatrième méditation », Rivages poche/Petite bibliothèque, Paris 2002, p.26.
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