« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

La Folie dans le théâtre baroque français. 4.

 


Appendice : Information sur le personnage du cavalier extravagant .


Dans son Introduction aux Visionnaires[1], Gaston Hill donne une origine possible du personnage, le Miles Gloriosus de Plaute. Il signale une influence italienne : Sforsa Oddi, la Commedia dell’ Arte, le recueil du Teatro delle favole representative, et le florilège d’Andreini intitulé Le Bravure del Capitano Stravagante, parodiant l’Arioste.


En France (en plus des pièces déjà citées) on retrouve ce personnage dans le théâtre de Rotrou (Clorinde – comédie - : Polidor ; Clarice ou L’Amour constant – comédie : Rhinoceronte et son valet Léonin ; Agesilan de Colchos – tragi-comédie : Rosaran ; Amélie – tragi-comédie : Emile). Il y a aussi un capitan dans Le Parasite de Tristan l’Hermite (capitan Matamore et son valet), et dans Le railleur, de Mareschal.


Dans Les Folies de Cardonio, de Pichou, apparaissent Don Quichotte et Sancho, dans le Roland furieux, de Mairet, Rodomont. Signalons enfin une autre pièce de Mareschal dont le titre est : Le véritable Capitan Matamore ou Le Fanfaron ; c’est l’acteur Bellerose qui est désigné par ce nom : le « Matamore » devient un emploi et chaque troupe se doit de posséder un « vivant Matamore », ce qui est une variation nouvelle sur les rapports du comédien et de son personnage.


Corneille reconnaît que Matamore « n’a d’être que dans l’imagination, inventé pour faire rire, et dont il ne se trouve point d’original parmi les hommes » ( Examen de L’Illusion Comique où Matamore a un rôle important) ; ceci et une remarque exceptionnelle sur l’ être du personnage ; Corneille ne lui trouve  pas de « modèle »  parmi les hommes et ravestit le problème du « réalisme » (de l’illusion représentative ), en trouvant à Matamore un double imaginaire qui remplace le modèle réel manquant ; le problème est déplacé sans être résolu puisque nous savons que la seule réalité du personnage de théâtre est d’ordre linguistique ; le personnage « informulé », « illisible » n’existe pas. Une autre solution – celle des gens de théâtre et du public, soucieux eux aussi de fonder la « réalité » du personnage – a été de le confondre avec le comédien, lui bien vivant.



[1]  Société des textes français modernes (Didier), p. IX et suiv.


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