« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

L'Ombre d'un double, à propos de "L'Ombre d'un doute" d'Alfred Hitchcock. 6.

                                           CONCLUSION :

  LE SUSPENSE COMME RETOUR DU REFOULE

 

         Le parcours du spectateur averti débouche, information après information, sur la levée des ombres et la mise à nu des doubles par la tiercéité généralisée des relations. Ces sept jours de la destruction d’un monstre obéissent à une logique cinématographique implacable. « L’être merveilleux qui viendra nous sauver » que Charlotte appelait de ses vœux, était un messie satanique : Lucifer, avant sa chute, était le plus beau des anges...

           L’image-relation dédouble les doubles eux-mêmes: le séducteur est un tueur en série, la jeune fille rangée, une meutrière virtuelle : « Va-t-en ou je te tuerai moi-même » dit Charlotte à son oncle[1] ; peut-être faut-il « tuer l’oncle », non seulement pour protéger la famille mais pour accéder à une sexualité non incestueuse (mais décevante...).

 La famille du film (« Famille de jobars moyens »,selon l’oncle, toujours aussi méprisant) vivait sur la forclusion du monde des pulsions ou sur son ignorance sublimée par la routine avant qu’il ne fasse retour malgré l’injonction entendue lors d’un repas, ombre de festins mythiques autrement effrayants : « Assez de crimes !. »

Que remâche-t-on en famille, photos aidant, que régurgite-t-on entre la fêlure de l’étoilement et la mort symbolique ou réelle dans les liens du sang ?

Pourtant, ultime refoulement et fin du suspense : l’honneur familial sera sauvé !



[1] Hitchcock cite Oscar Wilde : « Chaque homme détruit ce qu’il aime. »

 

Début

Enfer

Réserves de La Désaffection

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