UNE FAMILLE A TIROIRS
Ou
Ranger son linge propre en famille…
Etude partielle d’une séquence d’un film de John Ford : Les quatre fils (Four Sons), film
muet de 1928, censé raconter une histoire qui commence dans un village de
Bavière, à l’été 1914, peu de temps avant le début de la guerre.
Cette séquence dure trois minutes et se situe au début du
film.
Le personnage principal est une mère qui vit seule avec ses
quatre fils. Quand la séquence commence, on la voit rentrer chez elle, le jour
de son anniversaire, avec une corbeille de linge propre, lavé dans la rivière
du village.
Diffusion de la séquence : elle commence à 5’06’’ en partant du début du film et finit à 8’04’’
1) Il s’agit donc du rituel d’une lavandière, témoignage d’affection maternelle.
- Le titre que j’ai choisi : « Une
famille à tiroirs », renvoie à ce qu’on appelle : une « histoire à tiroirs », c’est-à-dire
une histoire à histoires multiples, intercalées, encadrées : récit-cadre
et récit enchâssé. On pourrait aussi parler d’un scénario à tiroirs ou d’une
mise en scène à tiroirs… et, pourquoi pas, d’une analyse de film à
tiroirs !
Le montage de cette séquence est un montage
par encadrement : les plans concernant le rangement du linge dans
quatre tiroirs différents encadrent les portraits des quatre fils.
Le montage est donc ritualisé lui aussi.
-
Cette
structure est nuancée par des fondus-enchaînés entre chaque ouverture et
fermeture de tiroir , qui semblent prolonger le regard affectueusement rêveur de la mère et
introduisent l’hypothèse d’un point de vue subjectif : les
portraits des fils seraient « vus » et « pensés » par la
mère, hypothèse relativisée par le
degré d’« objectivité » et d’autonomie visuelle des différents portraits : par exemple, dans la séquence à la charrette,
la multiplication des points de vue internes indépendants par l’enchaînement de
travellings avant ou arrière. Il s’agirait de plans semi-subjectifs
s’autonomisant en objectivité directe, immédiate.
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