Module 34
Parenthèse musicale
Le titre du disque « Marienbader Elegien », évoque la même ville d’eau que le titre de ce film déroutant qui, à sa sortie, défraya la chronique[1].
Ce ne sont que marches, valses, polkas
(«
et sérénades
(magnifiques soli de violon),
jouées par des orchestres de kiosque devant la nouvelle colonnade qui figure sur l’aquarelle reproduite sur la pochette en teinte bistres, grises, noires et vert foncé : témoin de l’architecture métallique typique de la fin du dix-neuvième siècle, elle prolonge, hétérogène, une colonnade classique, copie de temple grec, peinte en amorce à gauche du tableau et les motifs du vaste promenoir ouvert, au rez-de-chaussée, sont repris en écho dans le cercle du kiosque isolé au milieu de l’esplanade,
musiques de genres
( « Golf von Mexiko », par exemple)
impeccablement exécutées, d'une composition ferme et rigoureuse malgré leur apparente futilité,
mélodies surannées
-mélancolie au bord du vide :
de quel deuil montent ces élégies ? –
de ville d'eau à l'abandon redevenue, au-delà de ses parcs, une marécageuse vallée sauvage avec ses sources et ses bois, loin du "world spa" qui faisait écrire à Goethe:
"L'univers m'appartient, mais je suis perdu
A moi-même, moi qui fus le chéri des Dieux…"
[1] Cette ville où eut lieu, semble-t-il, la dernière rencontre entre Kafka et Felice : «Les relations avec F… reprirent encore dans les derniers mois de 1914 – je ne voudrais pas entrer dans les détails de cette douloureuse affaire ; il me suffira d’en citer, en dehors de l’intense correspondance (quelque cent lettres nous ont été conservées), les moments principaux – une rencontre à Bodenbach en janvier 1915 et une autre à Marienbad en juillet 1916 … » écrit Max BROD.
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