Intermède 9/2
Trois siècles plus tard, Jorge-Luis Borgès, passant sous silence la dédicace de Corneille, grave et range dans le recueil « Labyrinthes » 3 un conte intitulé «La Quête d’Averroès ». L’exergue est une phrase d’Ernest Renan où il imagine Averroès «… S’imaginant que la tragédie n’était autre chose qu’un art de louer… » 4
Borgès tente de trouver la clé de l’imagination d’Averroès, faculté qu’il exerce à partir de la traduction d’une traduction, nous dit le conte. Averroès commente Aristote comme d’autres le Coran : « La veille deux mots douteux l’avaient arrêté au seuil de la Poétique. Ces mots étaient tragoedia et comoedia […] personne dans l’Islam n’entrevoyait ce qu’ils voulaient dire. » 5La suite semble une digression fastidieuse biaisée par rapport à l’énigme de la définition, il n’en est rien : elle constitue la recherche indirecte mais implacable de la révélation finale, sa condition. Au lecteur attentif de savoir où se trouve l’indice parmi tant d’artifices rhétoriques, de questions piégées et de réponses sibyllines, de faits quotidiens et de songeuse érudition… peut-être n’est-elle dans aucun de ces éléments, sans doute dans tous.
Il n’en reste pas moins que : « Quelque chose lui avait révélé le sens de ces deux mots obscurs. D’une ferme et soigneuse calligraphie, il ajouta ces lignes à son manuscrit : «Aristù (Aristote) appelle tragédie les panégyriques et comédie les satires et les anathèmes. D’admirables tragédies et comédies abondent dans les pages du Coran et dans les moallakas du sanctuaire. » » 6
Borgès tente de trouver la clé de l’imagination d’Averroès, faculté qu’il exerce à partir de la traduction d’une traduction, nous dit le conte. Averroès commente Aristote comme d’autres le Coran : « La veille deux mots douteux l’avaient arrêté au seuil de la Poétique. Ces mots étaient tragoedia et comoedia […] personne dans l’Islam n’entrevoyait ce qu’ils voulaient dire. » 5La suite semble une digression fastidieuse biaisée par rapport à l’énigme de la définition, il n’en est rien : elle constitue la recherche indirecte mais implacable de la révélation finale, sa condition. Au lecteur attentif de savoir où se trouve l’indice parmi tant d’artifices rhétoriques, de questions piégées et de réponses sibyllines, de faits quotidiens et de songeuse érudition… peut-être n’est-elle dans aucun de ces éléments, sans doute dans tous.
Il n’en reste pas moins que : « Quelque chose lui avait révélé le sens de ces deux mots obscurs. D’une ferme et soigneuse calligraphie, il ajouta ces lignes à son manuscrit : «Aristù (Aristote) appelle tragédie les panégyriques et comédie les satires et les anathèmes. D’admirables tragédies et comédies abondent dans les pages du Coran et dans les moallakas du sanctuaire. » » 6
3- Jorge-Luis Borgès, Labyrinthes, Gallimard NRF, Paris 1953, pour l’édition originale.
4- Ibidem p.99, Ernest Renan, Averroès 48 (1851).
5- Ibidem, p.104.
6- Ibidem p. 123.
suite
Première partie
La Merveille de Sagres
Une mystérieuse invention
De l'usage et de l'usure
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