« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

Umberto Eco, lecteur de Nerval. 2.

Apostille à "Les Méprises savantes ou la méconnaissance d'autrui"

Intermède 13/2


Cette lecture « poétique » de Gérard de Nerval pose à son tour quelques problèmes que l’on pourrait attribuer à la volubilité paradoxale du «
e » dit « muet », subtilité du vers français, vers dont la lecture à haute voix doit respecter la présence ou l’absence (qui ne coïncident pas avec la trace écrite) sous peine de fausser les vers, ou de les inventer.
La lecture à haute voix de la poésie française n’obéit pas à telle ou telle «réalisation » de la langue (même pas celle du français dit « standard »), encore moins à tel ou tel accent régional (en particulier celui dit familièrement « parisien ») : la règle dite du «
e » muet est souveraine dans le vers. Essayons donc de l’appliquer en reprenant les extraits du texte de Nerval choisis par Eco.


1- L’hendécasyllabe est un vers d’onze syllabes, or l’énoncé :J’étais le seul garçon dans cette ronde,
si l’on tient à le considérer comme un vers dans la prose, est un décasyllabe: le «
e » muet en finale ne peut construire une syllabe orale.
C’est toujours le cas pour les rimes dites « féminines » : le compte de syllabes orales s’arrête avant la syllabe graphique comportant le «
e » muet s’il n’est pas précédé d’une autre voyelle « sonore » ; ronde, ici, à l’oral, n’a qu’une syllabe : en lui en accordant deux on arrive bien à un hendécasyllabe, mais on déroge alors à la règle.






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