+ Mario Puzo, F.F. Coppola
° « Public enemies », de Michael Mann : Ni la loi, ni la morale mais la compétence et la négligence, leur décalage ou leur complémentarité ; celles de Dillinger, celles de la police. D’où le côté très matérialiste du film : ni fable morale ou civique, ni épopée mais une proximité, une promiscuité cinématographiques.
° « Inglorious basterds », de Quentin Tarantino :
- C’est un film à suspense au sens propre (hitchcockien) du mot, c’est–à-dire que le spectateur en sait plus que les personnages; cela n’exclut pas son contraire, la surprise.
C'est son point commun avec « Walkyrie », de Brian Singer : ce sont deux films « historiques », sur des sujets voisins, traités comme des films à suspense. Autre ressemblance avec « Walkyrie » : le traitement de l’histoire est uchronique : les choses auraient pu se passer autrement ; mais le final de « Inglorious basterd » va beaucoup plus loin et réécrit complètement l’histoire, à la grande surprise du spectateur sidéré, dont la connaissance de l’histoire est prise en défaut au profit d’une jubilation imprévue quand à la façon dont finissent les nazis (et Hitler lui-même) et la guerre. L’Uchronie est complète.
- Le problème avec ce film et d’autres films de Tarantino (« Boulevard du crime » pour la question du genre, ou « Kill Bill » pour celle de l’identité) pourrait être formulé ainsi : la vengeance implique-t-elle l’utilisation des mêmes armes que celles de l’ennemi ? Nous oblige-t-elle à nous mette à sa place, à devenir nous-mêmes cet autre qu’il est ?
° « Ce n’est pas le cinéma qui étudie le monde criminel pour lui emprunter ses comportements les plus intéressants. C’est exactement l’inverse […] Le cas du film Le Parrain est éloquent. Personne dans les organisations criminelles, qu’elles soient de Sicile ou de Campanie, n’avait jamais utilisé le terme parrain, qui est le résultat d’une traduction peu philologique du terme anglais godfather. Le terme employé pour désigner un chef de famille ou un affilié a toujours été « compare ». Mais, après le film, les familles mafieuses d’origine italienne vivant aux Etats-Unis ont commencé à utiliser le mot parrain, en le substituant au mot désormais démodé de « compare » ou « compariello ». Beaucoup de jeunes italo-américains liés aux organisations mafieuses ont imité les lunettes noires, les costumes rayés, les paroles solennelles. Le boss John Gotti lui-même a voulu se transformer en une version en chair et en os de don Vito Corleone. Luciano Liggio, lui aussi, boss de Cosa Nostra, se faisait photographier la mâchoire en avant comme le chef de famille de « Le Parrain ».
Mario Puzo ne s’était pas inspiré d’un boss sicilien, mais de l’histoire et de la physionomie d’un boss de la Pignasecca, le marché du centre historique de Naples, Alfonso Tieri, qui se retrouva, après la mort de Charles Gambino – à la tête des principales familles mafieuses des Etats-Unis. »
Roberto Saviano, « Gomorra », Mondadori, Milan 2006, pp. 272,273.
- Le problème avec ce film et d’autres films de Tarantino (« Boulevard du crime » pour la question du genre, ou « Kill Bill » pour celle de l’identité) pourrait être formulé ainsi : la vengeance implique-t-elle l’utilisation des mêmes armes que celles de l’ennemi ? Nous oblige-t-elle à nous mette à sa place, à devenir nous-mêmes cet autre qu’il est ?
° « Ce n’est pas le cinéma qui étudie le monde criminel pour lui emprunter ses comportements les plus intéressants. C’est exactement l’inverse […] Le cas du film Le Parrain est éloquent. Personne dans les organisations criminelles, qu’elles soient de Sicile ou de Campanie, n’avait jamais utilisé le terme parrain, qui est le résultat d’une traduction peu philologique du terme anglais godfather. Le terme employé pour désigner un chef de famille ou un affilié a toujours été « compare ». Mais, après le film, les familles mafieuses d’origine italienne vivant aux Etats-Unis ont commencé à utiliser le mot parrain, en le substituant au mot désormais démodé de « compare » ou « compariello ». Beaucoup de jeunes italo-américains liés aux organisations mafieuses ont imité les lunettes noires, les costumes rayés, les paroles solennelles. Le boss John Gotti lui-même a voulu se transformer en une version en chair et en os de don Vito Corleone. Luciano Liggio, lui aussi, boss de Cosa Nostra, se faisait photographier la mâchoire en avant comme le chef de famille de « Le Parrain ».
Mario Puzo ne s’était pas inspiré d’un boss sicilien, mais de l’histoire et de la physionomie d’un boss de la Pignasecca, le marché du centre historique de Naples, Alfonso Tieri, qui se retrouva, après la mort de Charles Gambino – à la tête des principales familles mafieuses des Etats-Unis. »
Roberto Saviano, « Gomorra », Mondadori, Milan 2006, pp. 272,273.
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