« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

Umberto Eco, lecteur de Nerval. 4.

Apostille à "Les Méprises savantes ou la méconnaissance d'autrui"




Intermède 13/4

3- En appliquant, comme il se doit, la même règle, l’énoncéJe ne puis m’empêcher de lui serrer la mainpeut être considéré comme un alexandrin ; on entend même ses accents, son rythme (5) .
Si l’on se réfère aux exemples que nous venons d’analyser, on peut de plus remarquer qu’Umberto Eco, pour prouver sa thèse, n’applique pas le même type de lecture à haute voix aux différentes citations de Nerval et qu’il se livre à des variations hétérogènes et aléatoires d’une prononciation pragmatique –casuistique - du français: en effet, si l’on appliquait les critères de sa lecture des énoncés précédents à celui-ci, on arriverait, par le non-respect de la règle de «
e » muet, selon une prononciation « parisienne », à seulement 10 syllabes : je-ne-puis réduit à deux syllabes et de-lui à une seule.
Parmi les trois « hémistiches » découpés par Eco dans le même lot, seul le troisième
les longs anneaux roulés,
a vraiment six syllabes (
6) .
Le premier
Sylvie, une petite fille,
en a huit, et le second
Nos tailles étaient pareilles,
en a 7 : le pluriel de tailles entraîne une liaison qui introduit un [
z], consonne orale de transition qui évite l’hiatus.


(5) - Je ne puis/m’empêcher/de lui/serrer la main (variante possible : de lui serrer/la main selon que l’on accentue sur le « i » de lui ou sur le « é » de serrer ; le premier choix présente l’intérêt de renforcer l’assonance avec « puis ») :3/3,2/4 ou 4/2.
(6)- et la question du « e » muet ne se pose pas ici.


















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